Séminaire dirigé par Leny Patinaux, Chaire Sociétés et environnement, Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Programme détaillé du séminaire : https://anthropopodo.hypotheses.org
Contact : leny.patinaux chez unilim.fr

« L’objectif de ce séminaire transdisciplinaire est de penser les transformations contemporaines du capitalisme, et plus particulièrement la manière dont celui-ci s’adapte à la crise environnementale contemporaine. Il s’agira ainsi de s’interroger à la fois sur la manière dont le capitalisme se transforme en fonction de l’évolution du climat, des milieux et des écosystèmes, mais aussi comment celui-ci fait face aux mobilisations et aux critiques qui le désigne comme responsable de cette crise environnementale. Pour cela, nous nous intéresserons d’abord aux mondes productifs qu’ils soient agricoles, industriels, énergétiques, miniers, ou tertiaires, sans nous limiter a priori à certains secteurs spécifiques – les industries culturelles ou touristiques pourraient par exemple faire aussi partie des objets abordés. Plus spécifiquement, nous interrogerons l’usage de la terre, et nous appréhenderons l’activité d’acteurs privés depuis les liens qu’ils entretiennent avec l’action publique, que ce soit par l’étude de la fabrique des normes et du lobbying, de la fabrication et de la pratique du droit, de la distribution des financements publics, ou encore de la régulation publique et des interactions entre des porteurs de projets privés et l’administration. De cette manière, nous nous attacherons à penser, d’une part, la spatialisation du capitalisme et la conflictualité sociale (sur les questions environnementales en particulier, mais sans les délier d’autres questions sanitaires, sécuritaires ou de répartition des richesses par exemple). D’autre part, nous orientation nos réflexions sur les liens entre action publique et action privée par l’étude de la régulation des activités productives par l’État, les collectivités territoriales et les acteurs supra-nationaux. La question de l’articulation des temporalités environnementales, économiques et de l’action publique constituera également un premier point d’entrée pour nos réflexions. Un second consistera à prêter attention aux différentes formes d’adaptations sectorielles et territoriales du capitalisme.

De plus, pour penser la manière dont le capitalisme se transforme, nous essaierons d’éviter un double écueil : d’une part, considérer que rien ne change, et d’autre part survaloriser le changement. Au contraire, nous tâcherons de penser le capitalisme dans ses continuités historiques mais aussi en cherchant à comprendre comment celui-ci fait face aux crises qu’il traverse et évolue en conséquence. Ainsi, nous espérons contribuer à penser la difficulté à faire advenir des modes de production alternatifs et la confrontation de ces alternatives avec les normes dominantes, mais aussi la répression, idéologique ou policière, des velléités de dépassement du capitalisme.

Enfin, nous tâcherons dans ce séminaire de faire attention à la manière dont nous pensons la matérialité, et la matérialité environnementale en particulier, à la fois comme une question méthodologique mais aussi épistémologique. Comment penser les liens de codépendance entre conditions biologiques et sociales ? Quels sont les récits que produisent nos recherches et sur lesquels nous nous appuyons ? Faut-il chercher à dépasser la dichotomie nature-culture sur laquelle repose l’histoire des sciences humaines et sociales ? Comment travailler de manière transdisciplinaire avec les sciences de la nature ? Penser depuis les paysages peut peut-être être une piste pour saisir les transformations biosociales que produit la reproduction du capitalisme. Faire attention aux concepts et aux méthodes que nous utilisons pour étudier les acteurs, les institutions et le monde dans lequel ils agissent en est une autre. »