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Atelier doctoral organisé par l’École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis), le Centre Jacques-Berque (Rabat) et l’École française de Rome
Casa de Velázquez - C/ de Paul Guinard, Madrid, Espagne (28040)
Coordination : Karima DIRÈCHE (IRMC, Tunis) ; Éric GOBE (IRMC, Tunis)
L’école thématique se propose d’étudier la question de la justice transitionnelle dans les pays de la Méditerranée occidentale dans ses trois volets « justice », « mémoire » et « archives », et ses multiples interconnections en l’ancrant dans le cadre du défi politique que constitue la construction de la démocratie et parfois la refondation de la nation. Les pays de la Méditerranée occidentale, qui intéressent au premier chef les institutions partenaires du projet, se distinguent par la diversité de leurs politiques mémorielles et par les choix des dispositifs politiques et pénaux liés aux circonstances particulières de leurs sorties de crise ou de conflits.
Les trois volets « justice », « mémoire » et « archives » seront étudiés à l’échelle des six pays concernés : Espagne, Portugal, Italie, Maroc, Algérie et Tunisie. Cette formation doctorale se propose de soumettre à l’analyse critique les notions mobilisées dans les attitudes, actions ou discours plus ou moins radicaux vis-à-vis des héritages répressifs : justice sociale et politique, réforme de la justice, rhétorique de la mémoire ou des mémoires, préservation des archives, réparation, réconciliation, amnistie. Ainsi rhétorique de l’oubli, (Espagne, Algérie), « politique d’in-justice » occultant la mémoire de la transition démocratique (Portugal), la mise en place de Commissions « Vérité » inspirées du modèle sud-africain (Maroc, Tunisie) ou encore les débats à propos d’une supposée « stratégie de la tension » en Italie visant à instaurer un Etat autoritaire sont autant de modalités différentes qui ont débouché sur des réformes institutionnelles censées consolider les mécanismes de fonctionnement de l’État (gérer les années de plomb en Italie, assurer la pérennisation d’un Etat autoritaire comme en Algérie ou engager un processus démocratique en Espagne). Quant à la question de la collecte, de l’usage et de la préservation de ces archives pour la mise en place d’une justice transitionnelle, mais aussi pour l’écriture de l’histoire de ces archives d’un type particulier, ainsi que leur diffusion auprès d’un public « élargi », elle est centrale puisque lesdites archives sont censées garantir les principes de l’État de droit, de la continuité historique et de la mémoire.
L’école thématique abordera les questions de la mémoire des violences, des traumatismes et des héritages des dictatures qui placent souvent les chercheurs, comme les acteurs, face à une hiérarchisation des sources-preuves pour établir une vérité où la mémoire serait plus vulnérable aux biais personnels et collectifs que les archives.
Objectifs et orientations
Les relations des sociétés considérées vis-à-vis de leur passé autoritaire ou de leur violence posent la question des liens entre politique de justice et transition. Nous formulerons l’hypothèse que ces politiques ne sont pas exclusivement la conséquence logique d’un changement de régime, dans la mesure où la gestion des passés coercitifs et la mise en procès des figures qui l’incarnent peuvent se dérouler sur plusieurs années, voire plusieurs décennies après la transition démocratique.
Aussi le rapport au passé autoritaire et/ou violent mérite d’être étudié sous des angles divers : mise en place de nouveaux régimes ; perpétuation d’enclaves autoritaires ; modalités d’adaptation à une conjoncture nouvelle ; compréhension des relations entre les organes de sécurité, l’institution judiciaire et le parlement ; historiographie de périodes transitionnelles ; fabrique de la mémoire des périodes historiques décriées ; instauration d’une mise en procès de ces périodes ; rôle des diverses institutions de la « société civile ; archivage de la mémoire collective et individuelle ; problématique de la transparence des rapports des populations au pouvoir politique.
Cette école thématique se propose de mobiliser les diverses démarches empiriques articulées aux angles d’approche déclinés plus haut. Dans un contexte trop directement saisi par l’actualité, elle permettra de structurer les recherches et de leur donner une cohérence par delà les différences disciplinaires.
Grands axes du programme
L’école thématique s’articulera autour de quatre grands axes :
1/ Une approche sociohistorique des justices et des transitions politiques en Méditerranée occidentale avec une mise en perspective des univers politiques et normatifs de leurs promoteurs et des phénomènes qu’elles sont censées décrire.
2/ Une présentation du déploiement des dispositifs conceptuels autour des problématiques de la mémoire et des justices transitionnelles inspirées par ceux développés en Europe, en Amérique du sud et en Afrique.
3/ Une analyse de l’équation Sortie de conflits/Réécriture de l’Histoire/Justice et Réparations et les difficultés techniques et juridiques auxquelles elle se heurte et les effets limités ou insatisfaisants au regard des revendications de certains secteurs de la société.
4/ Une réflexion sur la question centrale du rôle de l’Etat, du repositionnement de ses institutions et de son rôle dans la redéfinition du pacte national.
Public concerné
L’école thématique est destinée en priorité à de jeunes chercheurs et étudiants en sciences sociales, ayant au minimum le niveau master (sociologie, science politique, droit, géographie, anthropologie, etc.). Elle est également ouverte aux acteurs de la société civile impliqués dans la promotion de la justice transitionnelle.
Modalités pédagogiques
En raison de son caractère interdisciplinaire, cette école thématique propose plusieurs dispositifs mobilisant divers outils théoriques et techniques de recherche permettant de rendre compte du caractère multidimensionnel de la justice transitionnelle :
Des conférences : elles visent principalement à faire le point sur la littérature en sciences sociales et humaines concernant la question de la justice transitionnelle
Des ateliers qui permettront d’exposer les scènes de la justice transitionnelle : sociologie des promoteurs des justices transitionnelles ; professionnalisation des acteurs de la Justice transitionnelle ; analyse des catégories utilisées (réparation, réconciliation, mémoire collective, …) ; analyse des traitements juridiques du passé ; réflexion sur l’exploitation des archives de la dictature ou des régimes autoritaires.
Des travaux dirigés qui permettront aux étudiants d’appliquer les connaissances théoriques et techniques à leurs objets de recherche.
Comité scientifique
Mouloud Boumghar, Professeur des universités, université de Picardie
Laurent Callegarin, Directeur des études, Casa de Velázquez, Madrid
Nicolas Morales, Directeur des études, Casa de Velázquez, Madrid
Karima Dirèche, Directrice de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Tunis
Eric Gobe, Directeur de recherche, CNRS, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Tunis
Fabrice Jesné, Directeur des études, École française de Rome
Sabrina Mervin, Directrice du Centre Jacques-Berque, Rabat
Conditions d’inscription
L’atelier est ouvert à inscription en ligne dans la limite de 20 personnes. Les organisateurs opèreront une sélection sur des critères de recevabilité strictement scientifiques. Les candidats recevront une confirmation d’inscription automatique dès leur inscription en ligne. Les résultats d’admission seront communiqués à tous les candidats, le 15 janvier 2016 au plus tard.
Conditions pratiques
L’atelier se déroulera à la Casa de Velázquez, du 07 au 11 mars 2016. Les organisateurs offrent aux participants qui ne résident pas à Madrid le logement en chambre double partagée à la Casa de Velázquez pour les nuitées des 07, 08, 09 et 10 mars 2016.
Ils offrent également les petits-déjeuners et les déjeuners à tous les participants. Les déplacements seront à la charge des participants.
Le droit de l’inscription à l’atelier est de 100 euros. Cette somme sera payée, en espèces ou par carte bancaire, le premier jour de l’atelier.
Limite des inscriptions : 22 décembre 2015 à 12h (heure de Madrid)
Pour toute information complémentaire, contactez : ehehi chez casadevelazquez.org ou direction chez irmcmaghreb.org
Page créée le mercredi 16 décembre 2015, par Dominique Taurisson-Mouret.