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Appel
Date limite de soumission : mardi 7 mai 2024
Parmi les espaces qui ont subi la présence européenne, l’Ouest saharien est sans doute celui où l’approche géométrique des frontières coloniales a été la plus évidente. L’ignorance et/ou l’indifférence à l’égard des cultures et des sociétés locales et la volonté de s’emparer de régions où se trouvaient (ou étaient supposées se trouver) des ressources minérales ont conduit, au tournant des XIXe et XXe siècles, à l’établissement de frontières territoriales qui ne tenaient pas compte des populations (Trout, 1969). En effet, majoritairement nomades, celles-ci ont continué à suivre leurs parcours habituels pour le commerce et le pastoralisme, ignorant souvent les autorités coloniales et s’y accommodant pendant leurs brèves périodes de sédentarisation (Caratini, 1989 ; López Bargados, 2003). Cela ne veut pas dire que les grands nomades de l’Ouest saharien ne savaient pas que leurs espaces avaient été divisés et qu’il y avait une puissance coloniale distincte - française ou espagnole - de l’autre côté de chaque frontière. En témoigne la résistance à la pénétration militaire française menée à travers les ghazi qui, jusqu’au milieu des années 1930, étaient organisés dans les territoires sous virtuelle administration espagnole. Les colonnes sahariennes "dissidentes" attaquaient les troupes coloniales dans les "territoires français" et rentraient dans les "territoires espagnols", sûres de ne pas être poursuivies au-delà de la frontière établie entre Paris et Madrid au début du siècle (Bozzo, 1985 ; Acloque & Evrard, 2022).
À partir de la seconde moitié des années 1950, cette situation mouvante change : l’indépendance du Royaume du Maroc (1956), l’autonomie accordée à la Mauritanie (1958), la guerre d’Algérie (1954-1962) et la provincialisation des zones sous domination espagnole (1958) influencent la vie des grands nomades qui ne doivent plus seulement compter avec les frontières coloniales, mais aussi avec celles des nouveaux États indépendants (ou de ceux qui le deviendront quelques années plus tard). Le nationalisme territorial moderne s’est imposé en accentuant les fractures et les nouvelles recompositions sociales, en divisant les familles et les pays, en suscitant des revendications territoriales (Grand Maroc et Grande Mauritanie) et les guerres qui s’ensuivent où les cousins combattent souvent les cousins ("Guerre des sables", entre l’Algérie et le Maroc en 1963 ; Guerre du Sahara, entre le Maroc et la Mauritanie d’une part, et le Front Polisario, expression du nationalisme sahraoui d’autre part (1975-1991) ; Front Polisario - Maroc, depuis novembre 2020, en cours). Cependant, l’idée de ce panel n’est pas d’analyser les origines de ces conflits, et plus généralement la genèse et le développement des nationalismes en Afrique subsaharienne sous l’angle des relations internationales ; Au contraire, en s’inspirant du courant de " l’histoire par le bas ", il s’agit de mettre en lumière les courants culturels et politiques qui ont déterminé l’évolution des nationalismes à partir du début du 20ème siècle, l’histoire des personnalités qui, en se déplaçant dans d’autres parties du monde arabe et/ou africain, ont permis la transmission de conceptions sociétales, de visions du monde et de nouvelles structures de pouvoir. En somme, il s’agit de tenter de dépasser les frontières coloniales et de mettre à profit les échanges d’idées, de pensées et d’élaborations politiques qui sont à la base des recompositions identitaires - toujours en cours - des populations de cette vaste région.
Seront donc particulièrement bienvenues les propositions de communication portant sur :
Les courants de pensée politique dans la région avant la colonisation et leur impact sur les nationalismes modernes ;
Le rôle des principaux courants philosophiques et mouvements politiques du Proche-Orient et leur impact sur les courants politiques de l’Occident saharien ;
Les biographies de personnalités de l’Ouest saharien et des pays environnants qui ont eu un impact sur la transformation de la pensée politique et sociale des peuples de la région.
Le développement de formations politiques nationales et/ou transnationales.
Les lieux de rencontre : mouggar, moussem, chouffan et leur rôle dans la transmission des courants de pensée
Les mouvements politiques européens et les nationalismes de l’Ouest saharien
Les propositions, en italien, français, anglais ou espagnol (max. 1000 mots), accompagnées d’un bref CV + publications (deux pages) doivent parvenir à francesco.correale chez cnrs.fr avant le 7 mai 2024.
La conférence aura lieu à l’Université de Cagliari (Italie) du 3 au 5 octobre 2024.
La selection des communications (4 max) sera opérée par le comité scientifique de la conférence en coordination avec l’auteur de la proposition du panel, Francesco Correale. L’annonce des résultats de sélection aura lieu avant le 31 mai 2024.
Comité scientifique
Mme Ada Barbaro, Université La Sapienza, Rome
Mme Daniela Potenza, Université de Messine
Mme Rossana Tufaro, Université La Sapienza, Rome
Nicola Melis, Mme Patrizia Manduchi et Mme Alessandra Marchi (Université de Cagliari).
Bibliographie citée
Acloque, Benjamin, Evrard, Camille (2022) : “Contexto y causas diversas del gazi de Mutunsi (18 de agosto de 1932)”, in Correale, F., Feliu L., López Bargados, A., Rebelarse en el desierto. Movilizaciones politicas en el Oeste sahariano (1932-2020), Barcellona, Bellaterra, p. 47-79.
Bozzo, Anna (1985) : “Le frontiere nel processo di formazione dell’identità sahrawi” in Fondation Internationale Lelio Basso pour le droit et la libération des peuples, La question sahraouie. Un probleme historique-politique, Roma, Cahiers, p. 43-50.
Caratini, Sophie (1989) : Les Rgaybāt (1610-1934), Parigi, L’Harmattan, 2 vol.
López Bargados, Alberto (2003) : Arenas coloniales. Los Los Awlād Dalīm ante la colonización franco-española del Sáhara, Barcellona, Ed. Bellaterra.
Trout, Frank E. (1969) : Morocco’S Saharan Frontiers, Ginevra, Droz.
Colloque
Du 3 au 5 octobre 2024 (University of Cagliari)
Page créée le mercredi 25 septembre 2024, par Webmestre.