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Colloque
22-23 octobre 2024 (Université de Guyane)
Colloque pluridisciplinaire organisé par Hugues Domingo et Mathilde Kamal, à l’Université de Guyane, en présence et à distance.
Il se propose de déconstruire les imaginaires relatifs à la mine grâce à une analyse scientifique de cet objet complexe. Des chercheurs de l’Université de Guyane, d’Universités hexagonales, mais aussi d’Universités canadienne et brésilienne interviendront durant deux jours en histoire, en droit, en économie, en géosciences, en sociologie, en géographie...
La mine, terrain ou gîte au sein de la terre d’où l’on extrait des métaux, des combustibles ou encore des gemmes, marque quotidiennement les espaces et les esprits en Guyane. Avant même la découverte des premiers gisements au milieu du 19ème siècle, la quête de l’or a été un moteur important de l’exploration et de la conquête du territoire Guyanais. Depuis, l’exploitation de l’or s’est caractérisée par une succession de différents cycles au gré des évolutions techniques d’exploitation, des découvertes de nouveaux gisements ou encore des variations des cours mondiaux de l’or. Ce faisant, l’activité minière aurifère, qu’elle soit légale ou clandestine, a largement contribué aux dynamiques de peuplement, d’occupation et d’aménagement du territoire guyanais.
Aujourd’hui, l’activité aurifère est l’objet d’intenses débats. L’orpaillage clandestin garimpeiro prédomine et le secteur légal n’occupe plus qu’une place marginale dans les dynamiques économiques du territoire. D’un côté, le caractère durable de l’activité est régulièrement interrogé, tant d’un point de vue économique que d’un point de vue écologique – on pense par exemple au débat lié au projet de la « Montagne d’or » dans l’ouest guyanais. De l’autre, l’exploitation illégale de l’or perdure malgré la politique répressive de l’État, avec pour conséquence des impacts sociaux, économiques, environnementaux et sanitaires certains.
Ainsi, la mine n’est pas uniquement un objet pour la géologie ; elle amène à des questionnements complexes qui impliquent l’ensemble des disciplines. La mine s’inscrit dans l’histoire, autant que dans les représentations mentales. Trésor, source de richesse, il est source d’un imaginaire symbolique connoté positivement. D’un autre côté, la manière dont il est exploité est source d’appréhensions légitimes autant que de préjugés, tant relatifs aux techniques qu’aux acteurs.
Penser la mine aujourd’hui nécessite de la contextualiser. Les enjeux économiques, sociaux et environnementaux qui sont ceux de l’exploitation des mines ont profondément évolué au fil du temps, ce dont on peut se rendre compte dans les récits qui sont faits de l’industrie minière. Faut-il rappeler que le premier roman en créole guyanais, Atipa, évoque la mine au travers du thème de la ruée vers l’or ? La disparition de la figure du mineur de fond, du moins en France hexagonale, pour d’autres incarnations, comme celui de l’orpailleur, du garimpeiro, présente en Guyane, implique de s’intéresser à la sociologie de cette profession.
Enfin, ce qui relève de la mine se définit juridiquement, aujourd’hui, par opposition à ce qui appartient à la « carrière ». En ce sens, la définition de la mine a évolué en même temps que le droit minier. Les substances, minérales et fossiles, dont il est question sont visées à l’article L111-1 du code minier. Renfermées dans le sein de la terre ou existant à la surface, leur exploitation varie en fonction du contexte géologique, physique et géographique. Ouvrir une mine n’est jamais, techniquement, simple. Cela vaut d’autant plus que l’activité extractive présente un certain nombre de risques. Les enjeux sanitaires sont ici aussi importants que les enjeux écologiques, les uns et les autres étant souvent reliés. La volonté, soulignée dans le code minier, d’inscrire l’industrie minière « en veillant à un haut niveau d’exigences environnementales et sociales » pose, à cet égard, la question de la pertinence d’un cadre constitutionnel spécifique, qu’est venue actualiser la décision du Conseil constitutionnel relative à la prolongation de plein droit de certaines concessions minières en Guyane.
Pour saisir cet objet complexe, le colloque propose des éclairages pluridisciplinaires, mettant en valeur les expériences vécues dans le territoire guyanais, au travers de contributions en droit, en sociologie, en géographie, en géologie, en médecine, en littérature, sciences de gestion, économie, etc. En effet, il s’agira, en réunissant les points de vue, de confronter l’histoire de la mine en Guyane et les histoires sur les mines, en racontant le lieu, tout en pensant celui qui y travaille, le mineur. Mais cela n’exclut pas des questionnements plus pratiques portant sur les conditions géologiques et techniques d’ouverture d’une mine, sur l’encadrement du travail des mineurs et notamment les risques sanitaires auxquels ils sont confrontés. Évidemment, la thématique amène à mettre en avant les risques écologiques et environnementaux de l’activité extractive. Malgré les difficultés qu’elle engendre, la mine apparaît comme une activité d’avenir ; les perspectives ouvertes sont ici multiples. Ressource épuisable, la ressource minière implique de réfléchir au caractère rentable de l’activité extractive. Quant à l’industrie minière, elle est souvent mal perçue par les populations, malgré les stratégies mises en œuvre pour se rendre acceptable, ce qui met à l’épreuve sa soutenabilité. Enfin, les formes multiples que peuvent prendre l’exploitation des mines, les problèmes engendrés par celle-ci, conduit à réfléchir à la pertinence de sa réglementation et à son évolution.
Parmi les axes de recherche possibles, pourront être évoqués, la vie dans et autour de la mine, qu’il s’agisse de la vie telle qu’elle est réellement vécue ou telle qu’elle est rapportée dans les récits de fiction. Des contributions pourront porter sur la mine dans la fiction ou sur la sociologie des mineurs ; sur l’évolution du droit minier en histoire du droit ou encore sur la transmission de l’histoire de la mine, en s’attachant à la manière dont le sujet est abordé en sciences de l’éducation. Dans un autre axe, pourront être proposées des contributions portant sur les conditions et les conséquences de l’exploitation de la mine sur le terrain, qu’il s’agisse de l’environnement géographique, géologique ou écologique. Les contributions relatives aux questions de santé pourront aborder les enjeux pour les orpailleurs et pour la population guyanaise. Enfin, un dernier axe sera dédié aux perspectives d’avenir, notamment la rentabilité, la durabilité et l’acceptabilité de l’activité minière.
Page créée le samedi 12 octobre 2024, par Webmestre.