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Appel
Date limite de soumission : vendredi 5 septembre 2025
Le 25 mai 2025, la ministre de l’éducation et la culture du Mozambique, Samaria Tovele, demande le retour des artefacts et biens culturels pillés pendant la période coloniale.1 50 ans après les indépendances, le processus de décolonisation semble encore inachevé. En 1975, après plus d’une décennie de lutte armée anticoloniale, les mouvements de libération, MPLA et FRELIMO arrivent au pouvoir en Angola et au Mozambique. Le départ des colons européens et les guerres civiles qui déchirent les sociétés font de la construction des nouveaux États un défi colossal. De fait, cinquante ans après les proclamations d’indépendance, les guerres civiles l’autoritarisme et la persistance de profondes inégalités socio-économiques semblent manifester l’échec des anciens mouvements de libération, au pouvoir depuis 1975 à réaliser leurs promesses émancipatrices (Cahen 1987 ; Geffray 1990 ; Morier-Genoud (ed.) 2012). Pourtant dans les deux pays, la libéralisation relative de la vie politique et les progrès de l’accès à l’enseignement conduisent à des l’émergence et à la consolidation de mouvements sociaux ou de nouvelles formes d’activisme au nom des mêmes idéaux que le MPLA et le FRELIMO portaient dans la lutte anticoloniale (Buire 2023). Ce double anniversaire est l’occasion de revenir sur ces événements majeurs de la seconde partie du XXe siècle : sur les conditions de leurs réalisations comme sur la façon dont leurs mémoires sont mobilisées dans les sociétés contemporaines.
Parmi les nombreux thèmes et questions possibles, l’accent sera mis sur trois axes :
Axe 1 : Des indépendances conflictuelles : luttes locales, rivalités régionales, polarisation mondiale
Ce premier axe invite à replacer les indépendances mozambicaine et angolaise dans leur contexte social, régional et mondial, en s’intéressant à la façon dont les conflits locaux entre mouvements de libération ou en leur sein pour le contrôle et la transformation de l’appareil d’État (John Marcum 1978 ; John A. Marcum 2018 ; Isaacman et Isaacman 1983 ; Birmingham 1992 ; Messiant, 2006 ; Messiant 2009 ; Mabeko-Tali, 2019) s’articulent avec les rivalités régionales et continentales dans le contexte de “guerre froide globale” (Westad 2007 ; Burton (ed.) 2021 ; Telepneva et Lopes (eds.) 2024). Loin de se résumer à un conflit exogène imposé de l’extérieur par les superpuissances, cette guerre froide globale consiste en une multitude de conflits interreliés qui ont leur historicité propre. Les mises en perspective régionales permettent de remettre en question l’idée courante d’indépendances ou de décolonisations tardives : par rapport au régime d’apartheid rhodésiens et sudafricains, Angola et Mozambique font plutôt figure de précurseurs (Temu, Tembe et Southern African Development Community (eds.) 2014).
Axe 2 : Ruptures et continuités : permanences et transformation des dynamiques politiques, économiques et sociales de la période coloniale
L’historiographie africaniste des dernières décennies tend à relativiser les ruptures que constituent les indépendances sur le continent africain, mettant plutôt l’accent sur les continuités des politiques développementalistes et autoritaires menées par les États nouvellement indépendants (Cooper 2008). En cela, les indépendances politiques n’abolissent pas la colonialité du pouvoir (Cahen 2024). Alors que les indépendances ont été obtenues par la lutte armée et marquées par le départ brutal des colons européens (Tembe (ed.) 2014), il s’agit d’interroger dans quelle mesure les nouveaux pouvoirs africains réinventent de nouvelles pratiques du pouvoir ou se réapproprient les pratiques ou les représentations héritées de la période coloniale (Geffray 1990 ; Adam 1996 ; Machava 2024).
Axe 3 : Les indépendances aujourd’hui : Mémoires croisées et usages politiques
Ce troisième axe invite à se pencher sur la façon dont les indépendances ont été racontées par les différents acteurs des processus d’indépendance, ainsi que sur l’usage politique de ces récits par les pouvoirs mozambicain et angolais, mais aussi par ceux qui les contestent (de Braganca et Depelchin 1986). Les concepts de « liberation script » (Coelho 2010) ou de “controlled narrative” se sont imposés depuis les années 2000 pour décrire la façon dont les pouvoirs notamment angolais (Pearce 2015 ; Peclard, 2015) et mozambicain (Israel 2013) ont construit des récits et des mémoires officiels des indépendances et des luttes anti-coloniales, au service de leur légitimation. Pour les deux pays, des recherches récentes explorent la multiplicité des variations narratives autour de ces “liberation scripts” officiels (Darch et Hedges 2021), les contestations ou la concurrence des mémoires (Martins 2021) et la place centrale que conservent les moments fondateurs des indépendances dans la culture officielle et populaire (Israel 2017). Des travaux récents éclairent la façon dont les mémoires des luttes de libération et des indépendances, fondatrices des récits officiels, sont appropriées et détournées par la culture populaire au service d’une contestation des régimes en place (Buire 2016).
Cette journée d’étude a pour objectif de permettre la présentation de travaux récents sur l’histoire des indépendances angolaise et mozambicaine et de rendre accessibles ces thématiques à un public francophone. La recherche sur ces deux pays a une longue tradition en France (René Pélissier, Christine Messiant, Christian Geffray, Nicole Khouri, Michel Cahen, Michel Samuel parmi d’autres), et plus particulièrement à l’université Paris 8, qui a accueilli de nombreux chercheurs mozambicains sous la direction de Pierre-Philippe Rey. Il s’inscrit dans une série d’événements marquant le cinquantenaire pour permettre aux chercheurs titulaires, post-doctorants, jeunes docteurs, doctorants et mastérants travaillant sur ces sujets d’échanger et de se réunir autour de cette thématique.
Modalités de contribution
Les propositions de communications de 300 mots au maximum sont à envoyer à cinquantenairedesindependances chez gmail.com avant le 5 septembre.
L’équipe organisatrice : Adrien Nery, Université Paris 8, IFG-Lab et Clara Torrão Busin, EHESS-IMAf, Fellow au IEG, 2025-26
Colloque
12-13 novembre 2025 (Université Paris 8- Vincennes-Saint Denis)
Page créée le lundi 11 août 2025, par Webmestre.