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« Les baliseurs du désert »

mercredi 17 avril 2024

Film de 1984, 95 mn, premier long métrage du cinéaste tunisien, Nacer Khémir.

Projection-discussion en présence du cinéaste le 26 avril 2024, de 17h à 20h
Auditorium de l’Humathèque Condorcet

« Les Baliseurs du désert a été couronné dans de nombreux festivals. Il a obtenu le Prix de la première œuvre aux 10èmes Journées Cinématographiques de Carthage, le Grand prix du Festival des Trois continents à Nantes, le Prix de la meilleure image au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le Palmier d’or du meilleur film et le Prix de la critique internationale à la Mostra de Valencia du cinéma méditerranée

Un jeune instituteur est nommé dans un village perdu au cœur du désert. A son arrivée dans ce lieu mystérieux, inexistant aux yeux de quelques-uns, il rencontre des enfants, des vieillards, des femmes et une jeune fille très belle et très secrète. La plupart des hommes sont partis dans le désert dans une quête impossible, condamnés à errer sans fin. De temps à autre, on aperçoit leurs silhouettes, au loin, comme un mirage, au travers de nuages de sable flottant sur le désert, et on entend leur chant, grave et monotone, porté par le vent. Que cherchent-ils ? L’instituteur, attendu pour rompre le charme qui envoûte ces hommes, se laissera emporter par le monde du désert…

Les Baliseurs du désert rompt avec le réalisme qui, sous ses diverses formes, caractérise jusque-là le cinéma tunisien et plus largement nord-africain. En développant certains thèmes et motifs, notamment l’univers créatif des enfants, déjà esquissés dans son moyen métrage L’Histoire du pays du bon Dieu (1976), Nacer Khemir s’attache, dans ce film, à réinventer le langage cinématographique pour explorer un nouveau rapport au monde. Non seulement cinéaste mais aussi artiste plasticien, écrivain et conteur, Nacer Khemir ne cherche pas tant à recouvrer une culture perdue qu’à retravailler l’art et les contes traditionnels pour créer, à travers le cinéma, un nouveau langage visuel populaire. Explorer le potentiel du récit filmique pour réinventer l’art du conte : c’est ce qui caractérise la démarche tout à fait originale et le style très personnel de Nacer Khemir.

Les Baliseurs du désert est le premier film d’une trilogie – il sera suivi de : Le Collier perdu de la colombe (1991) et Bab’Aziz : Le Prince qui contemplait son âme (2003) – qui se démarque courageusement des grands courants cinématographiques. Il s’agit d’un cinéma poétique où le récit perd sa linéarité apparente au bénéfice d’une prégnance plus profonde. Il se dégage des images aux couleurs somptueuses et des cadrages remarquablement soignés une puissance esthétique qui véhicule une multiplicité de corrélations et de correspondances, dans un jeu constant entre le réel et l’imaginaire, le visible et l’invisible, le présent et le passé. Il n’y a pas de didactisme dans l’univers cinématographique de Nacer Khemir. On fait allusion aux problèmes du monde contemporain mais on n’apporte pas de solutions toutes faites.

Si, d’une part, Les baliseurs du désert pourraient représenter la jeunesse dépossédée du Maghreb, d’autre part, ils sont exilés dans un espace symbolique hors du temps. S’il est vrai que ce film n’est pas une fable explicitement politique, il fait (re-)vivre les gens oubliés et les ruines d’une ville du désert autrefois glorieuse mais effacée de l’histoire nationale. Des questions politiques imprègnent ce film de manière subtile et nuancée. En alliant le fantastique et l’allégorie, Les Baliseurs du désert transforme le retour aux origines dans un tremplin pour ouvrir l’avenir. Comme dans les autres films de la trilogie, n’y a pas d’élément de résolution à la fin du récit, juste le début potentiel d’une nouvelle histoire. »

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