Séances de séminaires à venir
Depuis une cinquantaine d’années, de nombreux·ses intellectuel·le·s postcoloniaux·ales, subalternes ou du tiers-espace (Whitchurch, 2012), issu·e·s pourtant de contextes géopolitiques différents, cherchent à décentrer les discours nationaux et impériaux. Des analyses plus poussées de l’histoire du colonialisme et de l’impérialisme ont notamment révélé les effets complexes de la division internationale du travail entre les Nords et les Suds globaux (Gupta et al., 2018) sur la production des savoirs, les formes de gouvernance, les modèles socio-économiques et les représentations culturelles. Cependant, selon plusieurs critiques des théories postcoloniales, l’opposition à un particularisme occidental universalisant dans les anciennes colonies a en fait conduit à en reproduire les mêmes logiques binaires et asymétriques (Spivak, 1999 ; Hardt and Negri, 2000 ; Grosfoguel, 2007). Selon ces chercheurs·euses, les approches postcoloniales ne seraient parvenues qu’à recentrer les Empires coloniaux au sein des histoires des anciens territoires colonisés, tout en ignorant, entre autres, les effets de la « longue durée ». Dans cette perspective, la relation coloniale est indirectement réduite à de simples échanges unilatéraux entre un « centre » et une « périphérie », ce qui minimise l’importance des circulations politiques, culturelles et intellectuelles des périphéries vers le centre (Magubane, 2004), ou encore entre ces différents espaces périphériques. Ainsi, il semblerait que les intellectuel·le·s postcoloniaux·ales aient échoué le test de la dé-territorialisation des savoirs (Mignolo, 1987).
Partant de ce constat, ce séminaire se consacre à l’étude des circulations des Suds vers les Nords dans l’optique de déconstruire « l’Empire britannique » comme catégorie homogène de pensée pour écrire et penser les histoires intellectuelles, artistiques et politiques des personnes qui circulent au sein de cet espace politique que l’on appelle le Commonwealth des Nations dans la période post-Bandung (Chakrabarty, 2005 ; Lee, 2019). Dans la lignée de travaux antérieurs portant les réseaux, échanges et transferts entre artistes, intellectuel·le·s et activistes politiques issu·e·s des Suds globaux au sein de cet espace (Wainwright, 2011 ; Tomaselli, Mboti and Rønning, 2013 ; Craggs and Wintle, 2016), nous cherchons à interroger la nature contre-hégémonique des savoirs, théories et pratiques artistiques produits depuis Bandung. Nous souhaitons donc, à travers ce séminaire, analyser les circulations et transferts d’idées politiques et culturelles, mais aussi les trajectoires intellectuelles d’individu·e·s, de collectifs et d’institutions. Notre objectif principal est ainsi d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur les réseaux, les histoires et les productions culturelles transnationales, afin d’écrire une histoire connectée du Commonwealth (Torrent, 2019) à travers l’étude des circulations Sud-Nord et des connexions Sud-Sud dans les espaces Nord.
Les séances du séminaire se tiendront le vendredi matin entre 10h30 et 12h30. Les séances auront lieu au Campus Condorcet (Aubervilliers) et au Campus Citadelle de l’Université de Picardie-Jules Verne (Amiens).
Il est également possible d’y assister par Zoom : envoyer un e-mail à l’une des trois organisatrices afin de recevoir le lien de connexion : anais.makhzoum chez u-picardie.fr ; camille.martinerie chez univ-paris13.fr ; lauriane.simony chez cyu.fr
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