Appel
Date limite de soumission : samedi 31 juillet 2021
Le nomadisme est l’un des rares modes de vie à pouvoir questionner et relier la pré-histoire à l’actualité des crises sociétales et mondiales (environnementale, sanitaire, gouvernementale, économique). Mais qu’est-ce qu’être nomade ? Comment sont définis et se définissent les nomades ? Comment ces populations se sont adaptées et s’adaptent-elles encore à leurs environnements naturels, culturels et politiques ? Quels sont leurs futurs ?
Le qualificatif de nomade est l’objet d’une réactualisation dans les sciences humaines et sociales et désigne le plus souvent une diversification inédite des mobilités et des migrations dans le monde. En ce sens, ce colloque vient poursuivre la réflexion et l’échange interdisciplinaires initiés dans le cadre de l’ouvrage Nomad Lives (AVERBOUH A., GOUTAS N & MERYS. dir. sous presse - Nomad Lives (Vies de nomades), Collection "Natures en Sociétés", Publications scientifiques du Museum) dont la publication accompagnera le colloque.
Débattre de ces dénominations et caractérisations et aboutir - peut-être - à des éclairages communs ou a minima convergents afin de favoriser pleinement la transdisciplinarité dans les recherches en sciences humaines et sociales - est l’un des objectifs de ce colloque. Mais, c’est aussi vers l’avenir des sociétés et de leur fonctionnement que ce colloque est tourné. Si le nomadisme est un fil rouge de la longue histoire de l’humanité, le rapport au nomadisme a évolué à travers les contextes socio-économiques et politiques des sociétés humaines. Dans une économie mondialisée de la production, soumettant l’humanité à des transformations et impératifs politiques, sociaux, sanitaires et climatiques, la question de l’avenir du nomadisme se pose. Au cours des dernières décennies, des groupes ont été contraints à changer de mode de vie, vite et brutalement, à se fixer dans des villes plutôt qu’à circuler. L’abandon du mode de vie nomade a connu une intensification radicale au cours de la période contemporaine. Pour autant, de nouvelles formes de (semi-)nomadisme font leur apparition suite à des déstabilisations politiques durables ou à des changements écologiques et économiques qui contraignent des populations sédentaires à des mobilités constantes. Ainsi, dans des sociétés de plus en plus mobiles, le clivage nomade/sédentaire, déjà discutable et discuté, se brouille encore un peu plus et l’usage du terme nomade prend une tonalité métaphorique.
Le colloque est organisé en 4 sessions ciblant un thème précis. Chaque session fera alterner conférences, table-ronde, débats, films commentés et communications courtes.
Session 1 : Qu’est-ce que ’Etre nomade’ au croisement de différents champs disciplinaires des sciences humaines et sociales ?
La réflexion portera sur les différentes acceptions des termes « nomade » et « nomadisme » selon les disciplines et les domaines d’étude (préhistoire, économie pastorale, migrations, études tsiganes …). Quels critères définissent le terme de « nomade » ? Quelles en sont les limites ? Quelle est la spécificité du nomadisme par rapport à d’autres formes de déplacement voisines (itinérance, mobilité, transhumance…) ? Sous quel angle (économique, politique, idéologique, mode de vie) l’aborde t-on ? Les approches du nomadisme ont-elles évolué, de quels débats sont-elles l’objet ? Peut-il y avoir une définition commune aux disciplines qui abordent le nomadisme à partir de matériaux d’enquête aussi différents que ceux de l’archéologie ou de la sociologie ? Selon, notamment, le fait que ces disciplines peuvent ou non intégrer dans leur définition les représentations des nomades dans la société étudiée et la façon dont les populations catégorisées comme « nomades » se définissent elles-mêmes ?
Session 2 : Quels liens entre nomades d’hier et d’aujourd’hui ?
Quels mécanismes endogènes (endogamie, rituels, émergence de leaders portant des revendications spécifiques, …) et exogènes (rejet par les populations locales, …) contribuent à entretenir une identité nomade ? Quels sont les facteurs contribuant à l’éroder (sédentarisation forcée, déclin du pastoralisme, …) ? Cette session sera aussi l’occasion d’amorcer une réflexion sur le nomadisme des populations préhistoriques au regard de l’approche actualiste. En ce sens, le nomadisme vous semble-t-il répondre à un certain nombre d’universaux ? Lesquels seraient pertinents pour vous ? Le nomadisme d’hier et d’aujourd’hui est-il comparable notamment dans sa diversité (structures, distances, rythmes…) ?
Session 3 : Quelles traces ont pu laisser ou laissent encore les peuples nomades dans l’histoire humaine ?
Il s’agira d’aborder en premier lieu ce sujet sur le plan de la génétique avec quelques questions guides : les mouvements des populations nomades sont-ils identifiables ? En quoi la notion de nomade est-elle pertinente pour les interpréter ? Quels autres « proxies » /méthodes d’analyse permettent de caractériser le nomadisme des populations du passé ? Quel rôle le nomadisme a-t-il joué dans l’histoire du peuplement ? Dans l’histoire évolutive des hominines ? Les modes de vie des sédentaires et des nomades laissent-ils des traces différentes dans la structure génétique des populations humaines ? II s’agira ici de compléter cette approche en évoquant également les traces laissées dans l’espace culturel des populations nomades : comment le nomadisme intervient dans la structuration des systèmes sociaux, techniques, économiques, dans celle des mythes fondateurs et des religions, des processus funéraires... ? Enfin, des communications pourront aborder les questions relatives à la relation entre mobilité et environnement, à l’actualité des migrants : peuvent-ils être considérés comme des nomades, à l’aune de l’histoire de l’humanité ? Comment les villes réaniment les anciennes routes migratoires ?
Session 4 : Quel avenir pour les nomades ?
Définir le nomadisme, désigner des nomades, c’est aussi explicitement ou implicitement définir ou évoquer le territoire sur lequel ce mode de vie s’exerce et les populations humaines évoluent. Cela peut avoir des conséquences majeures sur l’avenir des populations nomades. En quoi les pratiques nomades sont-elles menacées dans le monde contemporain (frontières étatiques = rétrécissement des territoires des nomades, sédentarisation forcée, développement de l’agriculture ou d’autres activités et accroissement des antagonismes et des exactions entre nomades et sédentaires, réchauffement climatique et appauvrissement des parcours...). Le mode de vie nomade est-il compatible avec nos sociétés occidentalisées et étatiques ? A contrario, l’adoption de moyens de déplacement motorisés et de communication modernes (téléphone portable) peuvent-ils concourir au maintien du nomadisme ? De nouvelles formes de nomadisme (comme la déterritorialisation de populations déclassées, telle qu’illustrée par le film Nomadland) et de nouvelles figures du nomade (travellers, routards) sont-elles en voie de se généraliser ?
Modalités de contribution : l’appel à communication est lancé pour les sessions 2 à 4.
Les communications, de 10 à 15 mn maximum, en français ou en anglais, devront donc s’inscrire dans l’une des sessions énumérées et cibler/répondre nécessairement à au moins l’une des questions soulevées dans les argumentaires exposés pour chaque session. Les propositions sont attendues pour le 30 juillet dernière limite, avec titre, mots clefs (5 maximum) et résumé (1 500 signes max. espaces comprises)
A envoyer conjointement à nejma.goutas chez cnrs.fr et aline.averbouh chez mnhn.fr.
Merci d’indiquer dans l’objet du mail : colloque NOMADES
Ce colloque est organisé sous l’égide du Museum national d’Histoire naturelle (MNHN), Département "Homme et Environnement" et "Direction générale déléguée à la recherche, l’expertise, la valorisation et l’enseignement-formation (DGD-REVE)" en association avec l’institut Sociétés en mutation en Méditerranée d’Aix–Marseille Université SoMUM. Il bénéficie également du soutien financier de l’UMR 7209 Archéozoologie, Archéobotanique, Sociétés, pratiques et environnements (AASPE) et du CNRS-INEE.
Comité d’organisation
AVERBOUH Aline CRHC CNRS, UMR 7209 AAPSE, MNHN Paris
BAHUCHET Serge, Prof MNHN, UMR Eco-anthropologie, Paris
GOUTAS Nejma, CRCN CNRS UMR 7041 Nanterre
MAZZELLA Sylvie, DR CNRS, UMR 7064, Dir. Institut Aix-Marseille Université Sociétés en Mutation en Méditerranée (SoMuM)
Comité scientifique
BOUBAKRI Hassan, Prof. Université de Sousse (Tunisie)
BRISEBARRE Anne-Marie, DR émérite CNRS, LAS, Coll. France et EHESS, Paris
DEMOULE Jean-Paul, Prof émérite Univ Paris 1
FERRET Carole, CRHC CNRS LAS, Coll. France et EHESS, Paris
GUEDON Marie-Françoise, Prof. Univ Ottawa (Canada)
MEVEL Ludovic, CRCN CNRS UMR 7041 Nanterre
PLIEZ olivier, DR CNRS, Art-Dev, Montpellier
STREIFF-FENART Jocelyne, DR émérite CNRS, URMIS, Nice
VERNA Christine, CRCN CNRS, UMR 7194 HNHP, MNHN, Paris
Colloque
Du 25 au 27 novembre 2021 (Paris)
(Re)Lire / Écouter / Voir
Lundi 18 décembre 2023
« En nomadisant, telle est la réponse apportée ici à la question posée par le colloque « Qu’est-ce qu’être nomade au fil des temps passés, présents et futurs ? » (2021). À la suite de Nomadiser au passé (Nouvelles de l’archéologie, 171), ce numéro des Cahiers d’anthropologie sociale est consacré aux différentes manières dont se vit aujourd’hui le nomadisme. Il met l’accent non tant sur la question de l’identité nomade que sur l’analyse des pratiques effectives et actuelles de nomadisation.
Souvent motivée par le pastoralisme, la mobilité résidentielle constitue une manière propre d’habiter le monde qui implique une articulation spécifique de l’espace et du temps. Si le qualificatif nomade, désormais porteur de connotations flatteuses, s’applique maintenant aux objets les plus disparates, les nomadisations se voient, elles, entravées par des obstacles de tous ordres : suspicion des États sédentaires, rétrécissement des parcours, litiges fonciers, conflits armés, concurrence des légitimités autochtones, des usages économiques, et même réprobation au nom de l’écologie. Le nomadisme en est conduit à se métamorphoser, depuis le Sahel jusqu’à la Chine, en passant par le Tchad, le Kurdistan irakien, l’Iran, la Géorgie, l’Asie centrale et la Mongolie. »
p. 9-22 Introduction en nomadisant
Carole Ferret
p. 23-31 Être nomade ou sédentaire : de quoi parle-t-on et en quels termes ? Considérations lexicales et typologiques
Jean-Pierre Digard
p. 33-46 Figures nomades et revendications territoriales
Denis Retaillé
p. 47-61 Accompagner les nomades du Zagros en Iran. Notes ethnographiques d’une archéologue
Zahra Hashemi
p. 63-77 « Il est interdit de nomadiser sans avoir nettoyé le campement de ses déchets ». Comment effacer ses traces d’occupation des lieux dans la steppe mongole ?
Anna Dupuy
p. 79-97 Repenser les mobilités spatiales au prisme des transactions de bétail à partir de deux systèmes pastoraux (touche de Géorgie et arabe du Tchad)
Gwendoline Lemaitre, Chloé Violon
p. 99-117 Un terrifiant terroir. Nomadisme, patrimonialisation et violences foncières au Kurdistan irakien
Michaël Thevenin
p. 119-133 L’adaptation des sociétés pastorales de Mongolie-Intérieure au monde chinois contemporain
Aurore Dumont
p. 135-149 Nomades touaregs : frontières, trajectoires et adaptation dans un espace en crises
Ladji Ouattara
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