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Appel
Date limite de soumission : vendredi 19 septembre 2025
Appel à contribution pour le numéro 11 de la revue Dérivations, 2026, coordonné par mbianchi chez uliege.be et Chiara.Caravello chez uliege.be
Il sera dédié aux rapports qu’entretiennent les espaces de vie avec l’extraction, et plus particulièrement avec l’extraction minière et celle des énergies fossiles. Les abondances disponibles en surface dépendent en partie de la mise au travail de ces « hectares fantômes »[1] qui se déploient dans le sous-sol et dont nos sociétés captent les ressources. Architectures, villes et infrastructures dépendent de ces apports de matière et d’énergie, dont la captation suppose cependant l’existence en surface de « zones de sacrifice[2] » qui mériteraient d’être considérées dans le même mouvement que les développements qu’elles permettent, ce qui arrive rarement. En Belgique, l’extraction intensive des charbons de terre pendant un siècle et-demi dans les bassins miniers a laissé des territoires appauvris, qui peinent encore à se relever près d’un demi-siècle après la fermeture des charbonnages. Et pourtant, ces territoires, comme l’ensemble du Nord global, continuent de bénéficier des pratiques coloniales qui ont structuré et qui continuent de structurer les échanges mondiaux : ceux-ci permettent de drainer les ressources d’autres hectares fantômes et d’autres zones de sacrifice, plus éloignées des lieux ou ces ressources sont consommées et transformées.
S’il existe une abondante littérature scientifique qui documente ces questions[3] et de nombreux mouvements citoyens qui dénoncent ces logiques à l’œuvre (soulèvements, codes rouges..), ces mouvements se confrontent à un refus des gouvernants à considérer leurs conséquences catastrophiques. Les injonctions à la relance tous azimuts de l’extraction – qui s’illustrent notamment dans l’injonction « Drill, baby drill ! » lancée récemment par l’actuel président américain –, montrent que les dimensions autodestructrices d’un monde construit sur une dépendance massive à l’extraction ne sont pas encore suffisamment prises au sérieux. Précisons que l’extraction ou l’extractivisme ne concernent pas que les activités minières ou les énergies fossiles. Il s’agit, comme l’a défini Anna Bednik d’« un programme pour utiliser la terre et non pour vivre avec elle », au travers duquel la terre comme le vivant sont envisagés comme des « ressources », et pour lequel « les conséquences sur le long terme n’importent pas »[4]. C’est le rapport de ce programme – ou des programmes qui tentent de se poser en alternative à celui-ci – avec l’architecture, la ville et les territoires qui nous concerne ici.
Ce numéro s’intéressera à l’amont et à l’aval de cette rencontre entre extractions(s) et architecture(s), avec une couleur en partie déterminée par la localisation géographique de la revue, au centre de l’Europe, au cœur de la région du monde ou l’industrie moderne a pris son essor. Vers l’aval, ce numéro recherche des contributions qui envisagent les conceptions de l’architecture, la fabrique de la ville, les (a)ménagements des territoires dans leurs rapports à cet extractivisme, qu’ils documentent ce rapport ou qu’ils élaborent des propositions pour s’en détacher. Vers l’amont, il cherchera à documenter les effets de l’extraction sur les paysages et les êtres qui en subissent les effets, celleux qui habitent les territoires sacrifiés à la cause, les espaces de l’arrière du décor, ceux desquels on extrait les richesses pour les concentrer ailleurs. Vers l’aval, les espaces que l’extractivisme a permis de fabriquer. Vers l’amont, ceux qu’il a durablement dégradé.
La revue Dérivations est intéressée, pour ce numéro, par des propositions de contributions originales émanant de doctorant·e·s et de chercheureuses développant ou ayant développé des recherches à propos de ces sujets. La revue revendiquant un format hybride, les articles sélectionnés côtoieront, au sein du numéro, d’autres contributions de nature littéraire, journalistique, poétique ou visuelle.
Modalités de contribution
Les propositions d’articles scientifiques pourront concerner toutes les disciplines qui touchent à l’urbain (architecture, urbanisme, disciplines du territoire, écologie, patrimoine, sciences sociales, anthropologie, etc.), elles pourront présenter des enquêtes de terrain ou des développements plus théoriques ou spéculatifs. Les articles définitifs comprendront entre 12.000 et 30.000 signes. En cas de sélection, les propositions seront soumises à relecture par deux membres du comité de lecture de la revue (la liste des membres du comité de lecture de la revue figure sur son site web.
Les propositions sont à énoncer sous la forme d’un texte de maximum 3.000 signes résumant le projet, rédigé en français et présenté au format .pdf sur une seule page imprimable en A4. La proposition peut également être accompagnée d’une ou plusieurs images. Le cas échéant, celles-ci seront placées dans le même fichier .pdf que le texte, regroupées en une ou plusieurs page(s) A4 supplémentaire(s), en respectant maximum de 4 pages au total.
Les propositions sont à faire parvenir par mail à mbianchi chez uliege.be avant le vendredi 19 septembre 2025.
Le calendrier (indicatif) des étapes qui suivront est le suivant :
Début octobre 2025 : retours vers les auteurs pour annoncer les contributions sélectionnées (avec remarques éventuelles)
Fin février 2026 : Date limite pour l’envoi des textes pour relecture.
Fin Mars 2026 : Envoi aux auteurs des commentaires des relecteurs.
Fin Avril 2026 : Envoi des textes définitifs.
Mai/Juin 2026 : Production de la revue.
Notes
[1] Cette notion désigne les surfaces et les ressources consommées dans un pays et qui proviennent de l’extérieur de son territoire national ou des sous-sols. Introduite en 1965 par le géographe Georg Borgström pour désigner uniquement des surfaces agricoles, elle a ensuite été reprise en 2000 par l’historien Kenneth Pommeranz, et étendue aux ressources fossiles, pour expliquer la domination économique de la Grande-Bretagne et la rapidité de son développement économique au début de l’ère industrielle.
[2] Ryan Juskus ; Sacrifice Zones : A Genealogy and Analysis of an Environmental Justice Concept. Environmental Humanities, 1 March 2023 ; 15 (1) : 3–24.
[3] Entre autres références : Celia Izoard, La Ruée minière au XXIe siècle, Enquête sur les métaux à l’ère de la transition (2024) ; Siddharth Kara, How the Blood of the Congo Powers Our Lives (2023) ; Judith Shapiro et John-Andrew McNeish (eds.), Our Extractive Age : Expressions of Violence and Resistance (2021) ; Martín Arboleda, Planetary Mine : Territories of Extraction under Late Capitalism (2020) ; Jane Mah Hutton, Reciprocal Landscapes (2020) ; Benoît Monange et Fabrice Flipo (dirs.), Extractivisme, logique d’un accaparement, Ecologie & Politique, 2019/2, n°59
[4] Anna Bednik, Extractivisme : exploitation industrielle de la nature (Neuvy-en-Champagne : le Passager clandestin, 2016). Citation p. 23.
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